Frédéric Cadet, vice-président de la Région, Luc Ferry tropicalisé

Publié le par bonanniversairedidier

 

C’est la rentrée. Les petits et les grands ont repris le chemin de l’école. Fini les vacances. [Ndlr : Vous venez de lire une introduction de proximité, puisque la proximité est le maître-mot médiatique de la rentrée de proximité des médias de proximité]. Tout le monde est donc de retour au boulot pour travailler plus et au final gagner moins, compte tenu de la hausse des prix et de la stagnation simultanée des salaires. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde, comme nous allons le voir. Bon anniversaire Didierfait aussi sa rentrée après quinze jours d’interruption. L’occasion pour nous de retourner sur les bancs de la fac où les étudiants ne sont pas les seuls à redécouvrir le chemin des amphithéâtres. Les enseignants aussi. L’un d’eux en particulier, quoique discret, retient notre attention. Frédéric Cadet est professeur de biochimie à la faculté des sciences, au Moufia, à St Denis. Ancien président de l’université de La Réunion, puis nommé recteur de l’académie de Poitiers, et enfin, élu conseiller régional et vice-président de la Région sur la liste de Didier Robert en 2010, il était absent du campus réunionnais depuis deux ans. Du moins pour donner des cours. Car son absence est loin d’être avérée auprès de la comptabilité de l’université de La Réunion. Ainsi, il lui a été versé son salaire en totalité, notamment pour l’année 2010-2011, en rétribution de cours et de missions de recherche qu’il n’a pourtant pas réalisées. Avec un émolument moyen d’environ 8000 euros net mensuels, les sommes indûment perçues avoisinent les 96 000 euros. Comment est-ce possible ? Ne pas travailler du tout, pour gagner beaucoup plus : un discours de la méthode qui ne déplairait pas à Luc Ferry.

Frédéric Cadet : quelque chose de Luc-Ferryen… fait rien du tout même.

Ce n’est pas le surmenage qui menace Frédéric Cadet, en effet, une des dispositions prévues par le législateur dans sa grande générosité offre une année sabbatique dispensant d’enseignement toute personne ayant exercé des fonctions de recteur. Les professeurs du secondaire et autres professeurs des écoles apprécieront. C’est ainsi que de novembre 2008 à novembre 2009, le poitevin d’adoption de retour dans son île natale allait se remettre de l’épreuve de cette fonction. Le Poitou n’est manifestement pas ce qu’on croit et voilà que s’effondre le mythe de la douceur angevine célébrée par le poète. Un congé sabbatique au cours duquel il perçoit la totalité de ses émoluments. Rien de frauduleux à cela, la Loi le permet. De novembre 2009 jusqu’au vacances de fin d’année, puis de la rentrée de mi-parcours, en février 2010, jusqu’à mars 2010, on le trouve trainant ses guêtres à professer mollement à l’Ecole d’ingénieur agroalimentaire. La reprise, c’est dure. Arrive alors la rentrée de l’année 2010-2011. A cette période Frédéric Cadet entre en campagne soutenant Didier Robert sur la liste duquel il va se retrouver dans la course à l’élection régionale. La suite est connue. Robert est élu président, Cadet devient son vice-président délégué à la recherche… et disparaît complètement des salles de cours universitaires. L’université devient le cadet de ses soucis, pour ne s’occuper que de la Région. Sans renoncer à son salaire de professeur ! Pourtant la réglementation offre aux élus une décharge de vingt-deux heures. Il passe ainsi de cent-quatre-vingt-douze heures à cent-soixante-dix heures, à l’année. Mais cela semble encore être trop pour lui.

 

Quand un service en appelle un autre

C’est trop aussi pour le président de l’université, Mohamed Rochdi, qui adresse à la fin de l’exercice 2010-2011, un courrier en recommandé avec accusé de réception à Frédéric Cadet. Dans cette missive, il constate le défaut d’enseignement et « somme » Frédéric Cadet de faire ses heures. Selon une source proche de la présidence de l’université, ce courrier est littéralement resté lettre morte. Toutefois se pose un problème, il y est aussi demandé que soit transmit dans les meilleurs délais la fiche de services faits. Or, cette fiche est un état administratif annuel des missions réalisées au titre, en l’occurrence, de la charge d’enseignant-chercheur. Commune à tous les intervenants à l’université, c’est une obligation à laquelle chacun doit souscrire s’il souhaite être payé. Là où le bas blesse c’est que cette fiche ne s’appuie pas uniquement sur la bonne foi de l’enseignant. Elle doit être contresignée par deux autorités attestant de la réalité de ce qui s’y trouve inscrit. D’une part, la personne dirigeant le département d’enseignement de l’intervenant, d’autre part, le doyen de la faculté de rattachement. C’est là que tout bascule.

Il est impossible pour Frédéric Cadet de revendiquer la moindre heure de service fait, même avec le bénéfice de sa décharge dû à son statut d’élu. Une solution va lui être apportée par son bon ami, doyen de la faculté des sciences, Jean-Pierre Chabriat. Ce physicien est grandement redevable à Frédéric Cadet. En 2009 en effet, Chabriat est destinataire d’un courrier qui fait l’effet d’une véritable déflagration. L’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) vient de lui adresser une lettre qui sonne le glas de sa carrière de patron de laboratoire universitaire. Il se voit attribuer la note « C » pour l’évaluation de son laboratoire. Une telle note entraine automatiquement, et sans voie de recours possible, la fermeture du laboratoire et donc des masters et doctorats qui y sont domiciliés. L’AERES, rattachée au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, est autonome et souveraine dans ses décisions. Le ministère suit toujours ses avis. Pourtant, peu de temps après, le ministère adressera une lettre au professeur Chabriat, lui indiquant le maintien de son laboratoire et le maintien des crédits. Ce sera une première nationale. C’est la consternation dans la communauté universitaire. Mais tout le monde n’est pas l’ami proche de Frédéric Cadet, membre influent de l’UMP à La Réunion, nommé recteur de Poitiers par décret en conseil des ministres. Un service - et quel service ! -, en vaut bien un autre - et quel autre !

Petits arrangements avec les procédures administratives

Si Frédéric cadet ne produit pas de fiche de service fait, il lui faudra réaliser les heures de l’année 2010-2011 en plus de celles de l’année qui débute, 2011-2012. C’est dit, Chabriat va soutenir son ami, non sans l’en informer. La chose étant convenue entre eux, les opérations peuvent démarrer. Chabriat, en tant que doyen, est signataire des fiches de services faits de tous les intervenants de la faculté des sciences. Il signe donc celle de Cadet. Pour justifier les horaires qui y sont reportés, il fait don de ses propres heures supplémentaires, additionnées à celles de deux autres enseignants volontaires, soit cent-vingt heures au totale. Il ne reste à Cadet que cinquante heures, qu’il fera ou non, mais, a priori, personne ne devrait y regarder de plus près. L’ordre est donné au secrétariat de Chabriat d’envoyer ce qui peut être envisagé comme un faux directement à la présidence de l’université. Mohamed Rochdi reçoit alors les documents modifiés, annotés de la main de Frédéric Cadet. Ces annotations manuscrites indiquent que les heures mentionnées ont été « offertes gracieusement » par ses collègues. A la lecture de ces éléments, le président de l’université stoppe la procédure. Depuis, Jean-Pierre Chabriat et deux de ses vice-doyens (un professeur en physique et un maître de conférences en biochimie) sont sous le coup d’une suspension de leur délégation de signature pour tout acte administratif. Le président de l’université entend-il porter plainte ?

La tripe soutient la panse

Et la Région là-dedans. Didier Robert était-il informé de cette situation ? Concernant la réalisation et la production de faux administratifs, sans doute pas. Car l’affaire s’est décidée en stricte connivence entre Cadet, Chabriat, et certains vice-doyens de la faculté des sciences. En revanche, il est patent que le président de la Région a été informé, très tôt, que son vice-président n’assurait pas ses cours et percevait indûment son salaire. Certes cela ne relève pas de sa compétence. Un détail tout de même. Lors de l’assemblée plénière de novembre 2010, un rapport – en Décision Modificative n°3 du budget - avait pour objet de faire prendre en charge les cours non-réalisés de Frédéric Cadet par la collectivité régionale. Autrement dit, Cadet aurait perçu son salaire de professeur des universités pour des cours qu’il n’assurait pas, le tout au frais du contribuable réunionnais. Un détail, vraiment. L’opposition régionale s’est élevée contre ce rapport. Il a finalement été retiré. Très rapidement. Afin de ne pas trop attirer l’attention. Une réussite sur ce plan. Aucun média ne devait en parler ou entamer une investigation.

Un autre professeur des universités David Lorion, professeur de géographie à l’université de La Réunion et lui aussi vice-président de la Région, s’est vu proposé de même de bénéficier de cet arrangement entre amis. Il a refusé déclarant qu’il avait effectué ses heures jusque-là et entendait continuer à le faire. Vérification faite, il dit vrai. La majorité régionale savait donc. Didier Robert savait. Non seulement savait, mais avait prévu de voler au secours de son ami. L’amitié, on ne saurait appeler cela de la complicité, n’est-ce pas ? A Paris, Luc Ferry doit enrager de s’être ainsi fait damer le pion par un simple recteur. Faut-il y voir l’expression d’une supériorité des sciences sur la philosophie ? Mais avec de telles dispositions naturelles – ne pas travailler du tout pour gagner plus -, Frédéric Cadet tient la corde pour occuper le marocain de l’Education Nationale dans un prochain gouvernement.

 

Archibald Parmentier

Publié dans On tient la bougie

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M
<br /> Le cas d'un élève passionné d'école buissonnière (relayé par les médias, pas par les tabloïds américains (vous avez saisi la nuance?) a ému plus d'un, sauf son directeur qui n'a pas apprécié, se<br /> sentant trahi dans sa valeureuse profession. L'élève a été obligé de s'expliquer longuement sur sa présence hors de l'établissement scolaire. Notons que les parents qui n'envoient pas leurs enfants<br /> à l'école sont privés d'alloc. Si seulement les enseignants réussissaient à intéresser les élèves, ces derniers ne seraient pas obligés de partir "marron". Mais avec 35 élèves par classe, le corps<br /> enseignant pourrait rétorquer, à juste titre: "Vous croyez que c'est facile?" Mission impossible<br /> <br /> <br />
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G
<br /> Ci dessous le commentaire que je viens de poster à l'instant (08/09/2011 à 19h58) sur zinfos974 sur l'article "L'impact environnemental de la route du Littoral n'inquiète pas Didier Robert". nous<br /> allons bien voir s'il est publié. une caisse de champagne rosé à la clef !<br /> <br /> Cher M. Dupuy (Korona La région)<br /> <br /> VRD mais vous osez, c'est presque de la rébillion. fallait il que le repas ne soit pas assez bon avec maillot, begue et autre robert à la table de Zen ?<br /> <br /> Puisque je suis chez un média libre et indépendant alors j'en profite pour porter à la connaisance des internaute un site lui aussi libre et indépendant :<br /> <br /> http://www.bonanniversairedidier.fr/<br /> <br /> Bon app"tit Monsier Dupuy et sur pour votre prochain anniversaire je vous offre un mirroir ou alors un dictionnaire.<br /> <br /> http://www.bonanniversairedidier.fr/<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Selon les milieux autorisés à penser (version Coluche) la tropicalisation du système Ferry (qui en passant ne semble pas avoir coulé), n'a pas été retenue comme sujet de philosophie. La science et<br /> la philo: deux disciplines vraiment antinomiques.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> p'tit passage des cafards<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Le syndrome Ferry contagionne la Réunion, malgré les filets anti-requins? Un sujet de philo à méditer: "Petits arrangements entre amis."<br /> <br /> <br />
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